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L'art de perdre - Valérie Zéniter - Flammarion, 2017.


Ce n'est pas mon histoire, ce n'est pas ma culture. Mais je suis Belge et au pays de Tintin, la question coloniale est aussi un sujet sensible. Son ombre plane encore sur notre histoire actuelle. C'est sans doute pour ces mauvaises raisons que j'ai longtemps repoussé le moment d'entrer dans le Goncourt des Lycéens 2018. J'avoue que les 80 premières pages furent assez laborieuses à lire et les 80 dernières un peu convenues. Cependant, entre les deux, je dois bien reconnaître qu'Alice Zeniter a réussi là où mon professeur d'histoire avait lamentablement échoué. A cette époque très lointaine, mon cerveau de lycéenne n'avait pas jugé nécessaire de s'encombrer de l'histoire de la colonisation puis de l'indépendance de l'Algérie. Merci donc Alice Zeniter. Grâce à vous, j'ai appris l'essentiel, tout retenu et tout compris. Rien que pour ça, je n'ai pas perdu mon temps et les lycéens qui entreront dans ce roman devraient en sortir moins bêtes également. D'un point de vue stylistique, c'est sûr qu'Alice Zeniter porte en elle l'art de conter et son choix d'osciller entre roman, récit de vie et reportage historique en fait un livre à part : il séduit à certains moments, agace à d'autres. L'écriture se fait parfois poétique et touchante pour dire la difficulté de l'exil, la honte d'être rejeté par son peuple d'origine et l'incompréhension de ne pas être accepté par le pays qu'on a défendu. A d'autres moments, la prose est plus factuelle et peu propice à l'empathie. Mais, ne soyons pas injustes, ce livre est une réussite et j'imagine aisément la masse de documentation qu'il lui a fallu transformer pour arriver à raconter la grande Histoire en suivant la destinée d'une famille de Harkis sur trois générations. J'ai passé un moment de lecture intéressant et j'espère que ce livre aura permis aux uns de mettre des mots sur leurs maux et aux autres de réfléchir à deux fois avant de juger. Je laisse le mot de la fin à Maxime Le Forestier : "Être né quelque part, pour celui qui est né, c'est toujours un hasard"

Quatrième de couverture

L'Algérie dont est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma qu'une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ? Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu'elle ait pu lui demander pourquoi l'Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l'été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l'Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?

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