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Les petites filles - Julie Ewa - Le livre de poche, 2017.


Aujourd’hui, 11 octobre, c’est la journée internationale des filles. Je ne sais pas comment L’ONU a choisi cette date, Mesdames, mais nous nous retrouvons coincées entre, d’un côté du calendrier, les journées mondiales des DYS, du handicap et de la santé mentale et de l’autre, celles de la vue, de l’arthrite et de la prévention des catastrophes naturelles.

De quoi fait hurler mon mari de rire. Moi, ça me fend le coeur et je me pose la question du pourquoi de cette journée mondiale : condescendance masculine ou criante nécessité.

Quand j’y réfléchis, je me dis que je suis née libre en 68 dans un confortable foyer. J’étais la cadette et j’ai été bercée par une maman qui avait un diplôme et travaillait « dans les bureaux », qui écoutait les discours de Simone Veil, lisait, conduisait la voiture, disposait de son argent, m’aidait dans mes devoirs de math et de français et me montrait par là même que l’avenir de ma génération était ailleurs que dans le ménage et la cuisine. Pas étonnant que l’idée d’une journée mondiale des filles m’horripile.

Pourtant, cet été, Julie Ewa, avec son roman policier « Les petites filles » m’a rappelé que je n’étais qu’une petite privilégiée. Si j’étais née en Chine entre 1979 et 2015, j’aurais été tuée à ma naissance, vendue à un atelier de confection ou livrée à un réseau de prostitution internationale.

Chi-Ni, elle, a échappé à l’implacable loi de l’enfant unique grâce à la pugnacité de sa mère. Mais que peut l’amour d’une mère face à la tradition et la pression sociale ? Chi-Ni disparaît quand même un jour de septembre 1991.

En 2013, Lina, une jeune française, se rend en Chine pour poursuivre ses études mais est très vite contactée par Thomas, membre d’une ONG qui enquête sur les disparitions d’enfants dans les campagnes chinoises. Il lui demande de s’infiltrer dans le village de Chi-Ni car d’autres enfants continuent à disparaître.

Julie Ewa m’a entraînée dans les dures lois de la tradition chinoise. Implacablement et en alternance, les événements des deux époques se sont déroulés sous mes yeux incrédules. L’écriture est efficace, l’intrigue bien ficelée (même si je l’ai un peu vu venir avant la fin). Les personnages sont un tantinet caricaturaux (là, je chipote).

C’est un très bon roman policier. Certes il ne creuse pas assez, à mon goût, le sujet de la maltraitance des enfants en Chine mais ce n’est pas son rôle premier.

Il a au moins le mérite de taper à nouveau sur le clou pour ne pas que les femmes comme moi, qui regardent le monde à travers les livres dans leur fauteuil confortable, remettent en doute la triste nécessité d’une journée internationale des filles.

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