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Quand sort la recluse - Fred Vargas, Flammarion, 2017


Etes-vous gourmand(e) ? Moi, oui ! Et mon péché mignon, c’est la frangipane, celle que l’on trouve dans la galette des rois. Lorsqu’approche le 6 janvier, je deviens intenable, je me demande si mon pâtissier est en forme, s’il a changé sa recette, j’espère qu’il y a mis tout son cœur et qu’il va me surprendre.

Parce que, à mon âge, ce n’est pas pour la fève que j’achète la galette des rois, c’est pour le plaisir de retrouver un goût que j’aime, une sensation familière, une qualité certaine. Chaque année, je me dis : cette fois, tu ne te jettes pas dessus, tu dégustes, tu prends le temps d’apprécier. Pense que ça n’arrive qu’une fois par an tout de même ! Et chaque année, ça ne loupe pas : je dévore, je me goinfre, j’apprécie intensément puis je culpabilise et j’attends à nouveau 364 jours pour recommencer.

Pour les romans de Fred Vargas, c’est pareil ! Je les ai tous consommés, année après année, avec application, gourmandise et sans aucune modération. C’est vous dire si j’attendais son dernier roman avec impatience.

Comme pour la frangipane, j’ai tenté de résister. J’ai même réussi à reposer le livre sur son présentoir à la librairie. « Allez ! Raisonne-toi ! Ta pile à livres atteint le plafond ! Reviens plus tard, la sensation n’en sera que meilleure ». Contre toute attente, je suis ressortie sans l’acheter, j’étais fière de moi. Puis ma sœur, encore plus gourmande que moi (pour la frangipane, je ne sais pas, mais pour la lecture oui) m’a dit l’avoir dévoré (oui, c’est de famille !).

Peu fière d’avoir succombé à la tentation dès le lendemain, j’ai essayé de me rattraper en me disant : « je lis juste quelques pages, simplement pour goûter ». Malheur ! J’ai avalé les 450 pages en un jour et demi. Des regrets ? Aucun ! Et je suis loin de l’indigestion, j’en aurais encore bien repris un peu.

Tout d’abord, c’est une Fred Vargas au mieux de sa forme que j’ai retrouvée dans cette nouvelle enquête du commissaire Adamsberg. J’ai beau connaître la recette, je suis à chaque fois envoûtée par son style, ses qualités de conteuse, sa manière si particulière de donner corps à ses personnages.

En plus, elle n’a pas son pareil pour élaborer des intrigues complexes à partir de rien. Quelle imagination ! Cette fois, Fred Vargas s’est basée sur un fait divers. En 2015, dans le sud de la France, plusieurs personnes ont été mordues par l’araignée appelée « recluse ». Il ne lui en a pas fallu plus pour placer Adamsberg face à trois décès de personnes âgées piquées par des recluses. Mais ne croyez pas que je vous divulgue la signification du titre. Ce serait sous-estimer l’imagination et l’érudition de Fred Vargas ! La toile est bien tissée et l’araignée bien cachée!

Une fois de plus, j’ai apprécié entrer dans son univers poétique parsemé d’un humour habile. Je l’ai laisser m’entraîner sur des fausses pistes à travers la France, me perdre dans les brumes du cerveau d’Adamsberg, partager le vie de sa brigade, tenter de confondre les suspects. Et quand, à la dernière bouchée, il a bien fallu admettre que c’était fini, je me suis retrouvée dans un état de plénitude absolue et de béate satisfaction.

De la fine pâtisserie, assurément. Alors ? Envie d’un dessert ?

Quatrième de couverture

« - Trois morts, c'est exact, dit Danglard. Mais cela regarde les médecins, les épidémiologistes, les zoologues. Nous, en aucun cas. Ce n'est pas de notre compétence. - Ce qu'il serait bon de vérifier, dit Adamsberg. J'ai donc rendez-vous demain au Muséum d'Histoire naturelle. - Je ne veux pas y croire, je ne veux pas y croire. Revenez-nous, commissaire. Bon sang mais dans quelles brumes avez-vous perdu la vue ? - Je vois très bien dans les brumes, dit Adamsberg un peu sèchement, en posant ses deux mains à plat sur la table. Je vais donc être net. Je crois que ces trois hommes ont été assassinés. - Assassinés, répéta le commandant Danglard. Par l'araignée recluse ? »

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