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Le dîner - Herman Koch - Belfond, 2011


Depuis quelques jours, je ne peux m’empêcher de penser à Valentin, ce jeune homme handicapé de la région de Huy en Belgique qui a été torturé et jeté dans la Meuse. Par un cheminement de pensée - et donc sans aucune intention de ma part de créer un parallèle sous quelque forme que ce soit - il m’est revenu en tête le roman de l’auteur néerlandais Herman Koch - « Le dîner » - que j’avais lu lors de sa sortie en français en 2011. A l’époque, ce roman avait créé un certain malaise dans l’opinion publique et j’avais choisi de le lire avant de le conseiller à mes lecteurs.

Sans dévoiler l’intrigue à celles et ceux qui désireraient encore le lire, voir le film ou la pièce de théâtre -, sachez simplement que Herman Koch met en scène plusieurs couples réunis pour un dîner dans un restaurant chic. Pendant la première partie de la soirée, on parle de tout et de rien, des vacances, des endroits à la mode mais le malaise grandit au fur et à mesure qu’il faut aborder le sujet qui les réunit : la « bêtise » commise par leurs ados respectifs.

Vous allez me dire que ce n’est qu’un roman, une fiction destinée à divertir, à faire peur, c’est certainement exagéré ! Et bien, pas exactement…. Herman Koch a eu l’idée d’écrire ce roman à la suite de la lecture dans les journaux d’un « fait divers » (bon sang, que le langage journalistique peut être inhumain!). Et il n’y est pas allé par quatre chemins. Il a souhaité, à travers un récit cynique et totalement immoral, mettre volontairement le lecteur mal à l’aise, l’obliger à se regarder en face, à questionner sa morale, ses valeurs, à se demander quelle décision il aurait prise à la place des parents.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Herman Koch a réussi son coup : la maman que je suis n’a jamais pu oublier ce livre. A l’époque de sa sortie, je l’ai même souvent conseillé à d’autres lecteurs avec qui j’ai pu en débattre. Et du haut de mon éducation, de mes valeurs morales, de ma zone de confort et de la mère pas concernée, je me suis offusquée.

Puis, il y a quelques jours, j’ai reparlé de ce livre en détail avec ma fille aînée. Et là, lorsque la chair de ma chair, tout juste sortie de l’adolescence, m’a posée la question fatale : « Et toi, qu’est-ce que tu ferais si « ça » nous arrivait ? Croyez-moi ou pas, j’ai quand même mis plusieurs secondes avant de répondre.

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