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Moi, Harold Nivenson - Sam Savage - Editions Noir sur Blanc, 2017


Merci aux éditions Noir sur Blanc et à Babelio pour l’envoi de ce livre dans le cadre d’une opération « Masse critique ».

Je connaissais déjà Sam Savage grâce à Firmin, paru aux éditions Actes Sud en 2009 et je peux vous dire que j’étais impatiente de me lancer dans le dernier roman traduit en français de cet auteur qui a peu publié finalement alors qu’il est déjà âgé de 76 ans.

J’étais impatiente de rencontrer Harold Nivenson. Et bien, je n’ai pas été déçue du voyage ! Laissez-moi vous le présenter … C’est un vieil homme malade, aigri, qui vit en reclus dans sa villa en ruine. Il se sait en fin de vie et affronte les journées et les nuits interminables, coincé entre une fenêtre, son fauteuil et son lit. L’âge lui a apporté la sagesse. Il se met donc à philosopher car, de l’intelligence, de l’esprit et des neurones, il en a encore beaucoup ! Il revisite son passé et porte un regard critique et sans concession sur sa vie de bohême. Cela ne l’empêche pas, au quotidien, d’être ignoble avec sa famille et sarcastique avec le reste du monde.

Ennuyeux, déprimant, sans intérêt, me direz-vous ? Et bien pas dutout parce que Sam Savage est un virtuose de l’écriture. La construction du roman et le style m’ont totalement bluffée.

Sam Savage réussit le tour de force de donner une épaisseur psychologique incroyable à Harold Nivenson avec peu de mots et un récit en « je ». L’auteur calque le rythme du récit sur le rythme des pensées d’Harold Nivenson. Et comme lorsqu’une personne âgée raconte sa vie, il faut savoir lire entre les lignes, apprécier les silences, chercher les sous-entendus et retenir son souffle quand les confidences arrivent.

Grâce au génie de Sam Savage, j’ai très vite ressenti de l’empathie pour Harold Nivenson, j’ai fini par le trouver touchant. Il y a dans ce livre quelque chose de déchirant, d’inéluctable et d’universel car, comme le disait Jacques Brel dans sa merveilleuse chanson « Les vieux » : « que l’on vive à Paris, on vit tous en province quand on vit trop longtemps ».

Je ne vous cache pas que c’est un livre à part. Si vous cherchez un roman à la construction classique et au suspense insoutenable, vous serez forcément déçus. Mais si vous prenez le temps de vous arrêter sur les métaphores, les réflexions philosophiques, si vous avez une pensée pour une personne âgée de votre entourage, vous vous rendrez compte à quel point le regard de Savage sur la vie et la société est juste.

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