top of page
Derniers billets

Le paradoxe d'Anderson - Pascal Manoukian - Seuil, 2018.


Difficile par ces temps jaunes agités de prendre du recul et de commenter ce livre sans entrer dans un débat politique. Comme le fait dire Pascal Manoukian à l'un de ses personnages, « ça dépend de quel côté du manche on se trouve ». Par conséquent, je vais m'en tenir à un avis purement littéraire. De ce point de vue, j'avoue avoir eu un peu de mal à discerner les intentions de l'auteur. D'un côté, il nous offre une fresque sociale terrible (une famille de la classe moyenne dont les deux parents sont licenciés à peu près au même moment avec tout ce que cela induit comme dégringolade sociale) mais il emmène ses personnages dans des délires qui collent mal, à mon sens, à la réalité de la situation. De l'autre, il passe en revue tous les maux de notre société à l'économie hyper mondialisée et véhicule des messages politiques forts qui frisent la caricature ou énoncent des lieux communs. On serait donc dans un livre politique ? Sans doute est-ce la raison pour laquelle je n'y ai vu que caricature destinée à mieux servir le message politique au lieu d'éprouver de l'empathie pour ces personnages frappés par le sort. Ça m'a fait le même effet que lorsqu'un roman historique se transforme en biographie ou lorsqu'un roman avec un personnage dépressif se transforme en manuel de développement personnel. La puissance romanesque m'a manqué. Certes, sur le fond, l'auteur n'énonce-t-il probablement que des vérités mais sur la forme il ne m'a pas convaincue. Une mention spéciale toutefois pour les dernières pages que j'ai trouvées particulièrement réussies.

Quatrième de couverture

Plus rien n'est acquis. Plus rien ne protège. Pas même les diplômes. À 17 ans, Léa ne s'en doute pas encore. À 42 ans, ses parents vont le découvrir. La famille habite dans le nord de l'Oise, où la crise malmène le monde ouvrier. Aline, la mère, travaille dans une fabrique de textile, Christophe, le père, dans une manufacture de bouteilles. Cette année-là, en septembre, coup de tonnerre, les deux usines qui les emploient délocalisent. Ironie du sort, leur fille se prépare à passer le bac, section « économique et social ». Pour protéger Léa et son petit frère, Aline et Christophe vont redoubler d'imagination et faire semblant de vivre comme avant, tout en révisant avec Léa ce qui a fait la grandeur du monde ouvrier et ce qui aujourd'hui le détruit. Comme le paradoxe d'Anderson, par exemple. « C'est quoi, le paradoxe d'Anderson ? » demande Aline. Léa hésite. « Quelque chose qui ne va pas te plaire », prévient-elle. Léon, dit Staline, le grand-père communiste, les avait pourtant alertés : « Les usines ne poussent qu'une fois et n'engraissent que ceux qui les possèdent. »

bottom of page