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Débâcle - Lize Spit - Actes Sud, 2018.


Décider de lire ce livre en période de Noël, c'est un peu comme vouloir absolument connaître le secret du Père Noël tout en sachant qu'on va le regretter. J'ai pourtant longtemps retardé le moment d'entrer dans ce roman car les choix artistiques d'Actes Sud pour ses couvertures ne sont jamais anodins. Cette petite fille triste, cigarette au bec, habillée en adulte me mettait déjà bien mal à l'aise. Cependant, à force d'entendre par-ci par-là « tu l'as lu ? Pas encore ? Tu vas voir, lis-le, c'est quelque chose ! » moi, ma curiosité littéraire et mon courage avons franchi le pas. Las ! La révélation des secrets de Débâcle relègue la révélation du secret du Père Noël au rang de souvenir d'enfance heureux. De fait, cette lecture fut un choc. Ce réalisme flamand pas dutout magique m'a happée alors que je suis plutôt coutumière des récits noirs de noirs. Je n'y ai vu aucune lumière, aucun espoir, juste la souffrance muette d'une enfance malheureuse qui vous pète en pleine figure au moment de Noël avec un relent acide de « Merditure des choses », l'humour en moins. Si je n'habitais pas un petit village de Belgique où je connais forcément des jeunes qui …, une famille qui …, si le boucher ne me disait pas régulièrement qu'on raconte que, chez ces gens-là, Monsieur … peut-être aurais-je pu prendre du recul, relativiser et garder cette histoire à distance, dans son strict cadre fictionnel. Mais non, le style réaliste et la familiarité des décors du plat pays m'ont donné la désagréable impression que c'est arrivé près de chez moi. Vous l'avez compris, plaisir de lecture il n'y a pas eu et mon déplaisir se traduit par trois étoiles. Je fus incapable, une fois la lecture terminée, d'extrapoler, de théoriser, de trouver un message, de trouver des mots pour exprimer mon inconfort tiens ! Néanmoins, je mettrais bien quatre étoiles pour la performance littéraire. Le scénario est irréprochable, la construction du roman parfaitement maîtrisée. Bien que je n'ai pas trouvé l'écriture exceptionnelle, elle fonctionne très bien. Sans métaphore ni euphémisme, elle provoque une immersion glaçante dans le récit. Elle participe, par sa simple et froide relation de faits, à la mise en place d'un climat glauque, d'un voyeurisme malsain de la première à la dernière page. Bref. Licornes, fées, lutins et bisounours, fuyez ! Pour les autres, ma chronique, d'une belgitude assumée, ne doit pas vous empêcher de plonger dans une expérience littéraire intéressante d'une auteure douée et à suivre, sans aucun doute.

Quatrième de couverture

La même année qu'Eva sont nés deux garçons dans le petit village flamand de Bovenmeer. Les "trois mousquetaires" sont inséparables, mais à l'adolescence leurs rapports se fissurent. Un été de canicule, les deux garçons conçoivent un plan : faire se déshabiller devant eux les plus jolies filles du village, et plus si possible. Pour cela, ils imaginent un stratagème : la candidate devra résoudre une énigme en posant des questions ; à chaque erreur, elle devra enlever un de ses vêtements. Eva doit fournir l'énigme et servir d'arbitre si elle veut rester dans le groupe. Elle accepte, sans savoir encore que cet "été meurtrier" la marquera à jamais. Treize ans plus tard, Eva retourne pour la première fois dans son village natal avec un bloc de glace dans son coffre. Cette fois, c'est elle qui a un plan.

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