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leurs enfants après eux - Nicolas Mathieu - Actes Sud, 2018.


Pour une fois, j'ai lu un Goncourt avant que cette distinction ne lui soit épinglée à la jaquette. Même si ce n'était pas mon petit favori, je me réjouis que Leurs enfants après eux soit honoré de cette distinction. Je me réjouis aussi que le Goncourt soit à nouveau un livre accessible et agréable à lire. Inutile de vous rappeler de quoi ça parle, le tam tam médiatique résonne déjà dans toutes les chaumières où le besoin de lire est aussi vital que le pain quotidien. Par contre, ce que j'ai envie de vous dire, c'est que Nicolas Mathieu sait y faire, il a l'envolée belle, il maîtrise son style. Son écriture est tellement fluide et naturelle qu'on finit par l'oublier au profit d'une immersion totale dans ce récit social. Impossible de vous expliquer exactement pourquoi parce que, pendant ma lecture, je me suis surprise à penser que ce livre n'avait rien de particulier . Et pourtant, il se lit presque d'une traite. Oui, les pages se tournent toute seules, le lecteur boit l'histoire jusqu'à la fin, comme par fatalité, par solidarité avec Anthony et les autres, englués dans un déterminisme régional auquel ils tentent d'échapper. Il y a dans ce livre la magie d'un auteur qui maîtrise son sujet, un auteur qui a été capable d'observer et de saisir tous les codes sociaux d'une époque et la détresse d'une région sinistrée. Et ça, j'en suis certaine, parce que, voyez-vous, Hayange (Heilange dans le livre) est à 50 km de chez moi à vol d'oiseau, avec un changement de pays entre les deux. Cette ‘France d'en bas', la chute du bassin sidérurgique lorrain, l'appauvrissement de toute une région, j'en ai entendu parler toute ma jeunesse. Ce livre, c'est le retour à l'époque des mes parents, à celle de mon père, sidérurgiste, heureusement dans « un état providence voisin » comme le dit si bien Nicolas Mathieu. C'est le souvenir des conversations à table où mon père racontait l'usine, les copains « bicots », ceux qui venaient de la Zup. C'est l'époque des apéros au picon bière et des barbecues « des vieux » auxquels nous, ados, tentions d'échapper. C'est aussi un retour aux références musicales et cinématographiques de mon adolescence. Mais la comparaison s'arrête là. Cinquante kilomètres parfois, ça vous laisse le choix, ça vous change une vie. Enfin, quoique, si j'y réfléchis bien … Mais ça, c'est une autre histoire, c'est la mienne et ça ne ferait pas un Goncourt. Bon voyage en Lorraine les gens !

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