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Vies dérobées - Pierre Kretz - Le Verger Editeur, 2018.


Une fois de plus, l'opération masse critique organisée par Babelio construit des ponts et abolit les distances. Elle a permis à la lectrice lambda que je suis, perdue dans sa Belgique profonde, d'accéder à un beau texte de Pierre Kretz, auteur publié dans un coin d'Alsace tout aussi profond. Sans eux, je n'aurais même pas eu connaissance de ce roman. Qu'ils en soient tous remerciés. Qu'est devenu Ernest Schmitt ? Qu'a-t-il fait de sa vie ? Ce n'est pas lui qui vous le dira puisque nul ne sait ce qu'il est devenu. Par contre, chaque personne qui l'a connu, de près ou de loin, va vous en parler, brièvement, chacune à son tour, à coup d'anecdotes. Tout cela va vous le rendre mystérieux, intime et étranger à la fois, bref terriblement humain et attachant. Ce procédé narratif, vous l'aurez compris, m'a beaucoup plu. Il donne à l'ensemble une légèreté, une dynamique, distille une soupçon de mystère, d'empathie et de mélancolie. le tout est porté par une belle écriture, un style limpide avec des passages tantôt truculents, tantôt graves et émouvants. Par petites touches, sans commettre l'erreur d'en faire un livre d'Histoire, Pierre Kretz nous livre l'âme des Alsaciens du début du XXe siècle à travers la vie d'Ernest Schmitt et des personnes qui l'ont côtoyé. Il survole de manière sensible et à hauteur d'homme le destin d'un peuple qui a tout vécu : l'appartenance à l'Allemagne puis à la France, les tensions entre catholiques et luthériens, la montée du nazisme, l'enrôlement des Malgré-nous, la recherche d'une identité après la guerre. En conclusion, un roman court très réussi pour apprendre et se souvenir que des générations d'Alsaciens n'ont pas toujours eu la vie facile.

Quatrième de couverture

« Käte, avez-vous le sentiment d’habiter votre vie ? » J’étais tellement surprise par la question que je répondis : « Je n’en sais rien. Et vous ? » Ernest Schmitt est né avant la Première guerre mondiale dans une famille de petits paysans catholiques, près de la frontière suisse. Dans les années trente il devient avocat à Strasbourg et épouse la fille de son patron, un membre éminent de la haute société protestante. Ernest Schmitt tentera de construire sa vie d’homme durant quelques décennies profondément marquées par la folie des hommes et les emballements de l’Histoire. Le 5 juin 1956 il disparaît soudainement pour ne plus donner de ses nouvelles. En tout cas de son vivant… «Vies dérobées» évoque ces générations entières qui n’ont jamais vraiment eu la chance de choisir leur vie.

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