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Parmi les loups et les bandits - Atticus Lish - Le livre de poche, 2018.


La semaine dernière, ma fille m'a fait découvrir le son 8D. Casque sur les oreilles, j'ai écouté une musique avec l'impression d'être dans une immense salle de concert mais où le chanteur aurait joué en live juste à côté de moi. L'effet d'immersion sensorielle était impressionnant . Avec Parmi les loups et les bandits, j'ai vécu la même chose … mais en livre ! Si si ! Je crois qu'une écriture ne m'a jamais autant fait ressentir la puanteur d'une ville, sa crasse, l'omniprésence de sa foule, le délabrement de ses quartiers mais aussi l'intensité des combats en Irak. Je me suis retrouvée dans une vision hyper réaliste d'un New York underground multiethnique, celui des immigrés clandestins, des ex-soldats américains névrosés, des junkies, des ex-taulards, des sans-le-sou et des paumés en tout genre. Au milieu de cette jungle urbaine, Atticus Lish a fait se rencontrer deux êtres que tout sépare. L'un est vétéran de la guerre d'Irak. Il tente un retour à la vie civile avec un cerveau épuisé par les cauchemars, grillé par les amphétamines. L'autre est une immigrée chinoise clandestine. Elle se bat pour survivre et arracher sa part de rêve américain. Ils vont se trouver, pour le meilleur et pour le pire, faire un bout de brousse ensemble dans le chaos d'une ville que le 11 septembre a rendue paranoïaque et égoïste. L'écriture puissamment évocatrice en fait un livre choc, aux relents de misère humaine et donc, pas forcément confortable. Mon admiration va à la traductrice, Céline Minard. Elle a parfaitement réussi à retranscrire l'ambiance poisseuse des bas-quartiers et la lutte des plus vulnérables pour leur survie. Même si j'ai parfois regretté que la description du New York d'en bas prenne le pas sur l'action, les combats de Skinner et de Zou Lei ont réussi à me prendre aux tripes. J'ai réalisé à quel point le rêve américain s'était effondré en même temps que les tours du World Trade Center.

Quatrième de couverture

C’est dans un New York spectral, encore en proie aux secousses de l’après-11 Septembre, que s’amorce l’improbable histoire de Zou Lei, une clandestine chinoise d’origine ouïghoure errant de petits boulots en rafles, et de Brad Skinner, un vétéran de la guerre d’Irak meurtri par les vicissitudes des combats. Ensemble, ils arpentent le Queens et cherchent un refuge, un havre, au sens propre comme figuré. L’amour fou de ses outlaws modernes les mènera au pire, mais avant, Lish prend le soin de nous décrire magistralement cette Amérique d’en bas, aliénée, sans cesse confinée alors même qu’elle est condamnée à errer dans les rues. Il nous livre l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui font le corps organique de la grande ville : clandestins, main-d’œuvre sous-payée, chair à canon, achevant sous nos yeux les derniers vestiges du rêve américain.

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